Les vidéos des manifs suite à la visite de Mme Pécresse à Strasbourg

Vidéo des DNA:

Avec l’intervention de M.Alain Beretz président de l’UDS,, contrarié par la tournure des évènements.

Autres vidéos


Manifestation et débordements devant le palais universitaire de Strasbourg: « Pécresse, la recherche régresse »

2000 manifestants (enseignants-chercheurs, personnel de l’université, étudiants…) étaient présents devant la palais universitaire pour protester contre la réforme du statut des enseignants-chercheurs.

Les manifestants, en majorité des étudiants et des enseignants-chercheurs donc, se sont rassemblés devant le Palais universitaire où se trouvait la ministre  en scandant des slogans tels que «Pécresse, la recherche régresse», «Pécresse fac off», «Pécresse démission»…

Sur les marches du Palais universitaires, alors que les manifestants essayaient de rentrer, les  quelques policiers en civil ont rapidement été débordés. Des échanges de coups se sont produits avant qu’un peloton de CRS n’intervienne et ne donne la charge utilisant   gaz lacrymogènes  et  matraques pour disperser les manifestants du parvis du palais u. Des jets de chaussures (la chaussure devient un vrai symbole…) et d’oeufs se sont produits contre les vitres du Palais universitaire à ce moment là…

Selon les DNA « A 11h40, le président de l’Université de Strasbourg, qui doit être inaugurée par le ministre ce matin, a été alerté des incidents et s’est précipité à l’entrée du Palais universitaire pour constater les faits. Il a essayé de calmer les esprits et est intervenu auprès des forces de police pour demander des explications. »

La tension semble rester forte, devant l’afflux de policiers. Vu que les forces de l’ordre ont failli être débordée par les manifestants (alors que le succès de la manifestation était prévisible…), le préfet va peut être connaître le même sort que son collègue de Saint-lo…

M. Sarkozy et la Recherche: petite vidéo… rigolote… alarmante?

Oui, … sans commentaire…

Et la tribune parue dans le journal « Le monde » le 30 janvier par MARIE PASCALE D., Chercheuse au CNRS

« J‘ai étudié pendant 10 ans et trouvé un métier que j’aime. Je suis chercheuse en génétique moléculaire, une profession que j’exerce depuis 20 ans. Je connais mon métier, je maîtrise les technologies afférentes, réponds à des appels d’offre, gère mes budgets, forme des étudiants, je donne des conférences, j’apprends tous les jours.

Mon organisme employeur (CNRS) le sait, j’ai été embauchée pour ça. Je consacre un temps important à ce travail, nos enfants respectent ce choix. Mon métier est fait de curiosité intellectuelle, de connaissance, de liberté et de passion, d’habileté manuelle et de créativité. Ces mots sont essentiels pour moi. Tous les jours, je manipule des concepts et les transforme en expériences. Je lis, je réfléchis et écris.

C’est un métier difficile, compétitif, particulièrement pour les femmes, fait de petites joies ou de grandes découvertes, mais aussi d’échecs et de remises en question incessants.
Mon parcours est similaire à celui de beaucoup d’autres. Nous sommes 50 à 100000 chercheurs et enseignants du supérieur diplômés d’un doctorat en France qui travaillons pour des organismes publics (Universités incluses). Les 12 000 chercheurs du CNRS font essentiellement de la recherche fondamentale, couvrant l’essentiel des domaines de la connaissance humaine.

En tant que chef d’équipe, je décide du choix des sujets et de l’orientation des recherches dans mon laboratoire. Mon but est d’élargir le champ des connaissances  dans mon domaine de spécialisation. Je le fais en fonction de ce que je sais, et des travaux publiés par d’autres. Je le fais aussi en concertation avec les étudiants ou chercheurs qui viennent renforcer ma puissance de travail. Et je réoriente continuellement mes projets selon les résultats que nous obtenons.

Les crédits pour financer ces recherches sont obtenus en répondant à des appels d’offre, ce dont je m’occupe en mettant en valeur dans mon activité ce qui présente la meilleure adéquation avec les thèmes mis à concours. La sélection de mes projets souligne leur intérêt, leur valeur, mais aussi leur faisabilité et la reconnaissance de mon aptitude à les encadrer. Sans contrats, un labo ne peut fonctionner, les crédits octroyés par le CNRS ou l’Université, via le Ministère de la Recherche, l’Etat donc, sont trop misérables ; la biologie moléculaire est une science onéreuse (moins que la physique cependant).

Notre activité professionnelle est continuellement évaluée au travers de rapports d’activités adressés régulièrement à nos employeurs ou aux organismes contractualisateurs, au travers aussi des diverses formes de communication que nous devons emprunter, articles scientifiques, conférences, participation à des colloques, discussions avec des collègues. Réciproquement, je suis régulièrement amenée à évaluer les travaux de mes collègues, lorsque je siège dans des commissions, participe à des jurys, quand j’expertise des projets, ou que l’on me demande de juger des articles, soumis à publication internationale, dont la proximité avec mes centres d’intérêt me donne le droit de les accepter/refuser selon leur qualité.

Bien que chargée de nombreuses responsabilités au niveau organisation, administration, encadrement, enseignement, direction de l’équipe, j’ai réussi à continuer de « maniper », comme nous disons. Tous les jours, j’extrais des ADN, les analyse, les ré-introduis en bactéries, ou autres organismes, sélectionne les organismes ainsi modifiés, étudie les modifications que confère cette transformation. Ce travail est précédé d’études bibliographiques, de recherches dans des bases de données pour identifier les gènes ou fonctions qui nous intéressent. Et puis quand un résultat intéressant sort, on l’étaye, le confirme, le contrôle, le vérifie, et si c’est solide, on rédige un article (en anglais bien sûr, langue que tout chercheur se doit de pratiquer couramment à l’écrit comme à l’oral). Je documente, analyse les données et les mets en forme. pour le soumettre à publication dans une revue dont l’audience internationale reflète la qualité de ce qu’on a trouvé.

L’accomplissement de chaque étape de ce travail me procure un profond sentiment de satisfaction. Je connais beaucoup de chercheurs, de simples collègues à amis, nous partageons à peu près cette vision de notre profession, ces convictions. C’est notre vie.

Alors quand j’entends ça :

« Mauvais, non performants, archaïques, idéologues, partisans, conservateurs, aveugles, refusant de voir la réalité, immobilistes, ayant  des mentalités à changer, installés dans le confort de l’autoévaluation et travaillant  dans des structures obsolètes, archaïques
et rigides. »
Voici les termes que Nicolas Sarkozy a utilisés dans son discours du 22 janvier 2009, pour dire ce qu’il pense de nous et de nos institutions. Et il a ajouté :
« N’y a-t-il pas urgence à en finir avec une organisation désastreuse. Les organismes de recherche doivent opérer leur transformation en agence de moyens »

J’ai très très mal. »

Mme Pécresse à Strasbourg « Je ne me défilerai pas »

Interview réalisée par les Dernières Nouvelles d’Alsace, disponible demain http://www.dna.fr/

Voici l’article: « Dans une interview accordée aux DNA et qui sera publiée dans nos éditions du jeudi 5 février, Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche déclare : « Dans tous les cas de figures, il faut dialoguer et j’y suis prête. Si des représentants de la communauté universitaire veulent me parler franchement, eh bien tant mieux. Je ne me défilerai pas ».

Mme Pécresse doit inaugurer demain matin la toute jeune Université de Strasbourg, née de la fusion de trois universités, lors d’une cérémonie officielle, et lancer, en Alsace, « l’opération campus ».

Dans son entretien accordé à notre éditorialiste Olivier Picard, elle évoque le malentendu qui est à l’origine du mécontentement des enseignants-chercheurs et explique les raisons de sa fermeté dans le dossier du décret portant sur leur statut. »

C’est en effet officiel, et (enfin) inscrit à son agenda:

11h00 Inauguration de l’Université de Strasbourg, et participation à une table ronde avec des étudiants de l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) –Université de Strasbourg
19h05 Invitée du « Grand Journal » sur Canal +

Une journée bien remplie en tout cas… Peut être que Yann Barthès parlera des étudiants de Strasbourg…

Car, ce qui est sûr, c’est que demain, à l’occasion de l’inauguration de l’Université De Strasbourg par Mme la Ministre, une manifestation aura lieu, réunissant personnel de l’université et étudiant. Un rassemblement s’élaborera à partir de 8 heures devant la fac de droit pour se diriger à 9h30  vers le Palais Universitaire où aura lieu à 11h le lancement officiel de l’UDS.

Le mouvement s’amplifie à l’université de Strasbourg avant la visite de la ministre

Un peu plus de 400 étudiants se sont rassemblés, cet après-midi au Palais universitaire de Strasbourg, pour préparer la journée de manifestation du 5 février, ceci dans le but d’éviter tout débordement.  En effet, ce jeudi, comme nous l’avions annoncé, la ministre Valérie Pécresse doit se rendre à Strasbourg pour participer au lancement officiel de l’Université de Strasbourg.

Il a été décidé qu’une manifestation serait organisée devant le palais universitaire. Les personnels de l’Université de Strasbourg (UdS) et les étudiants se rassembleront donc à 8h dans le quartier de l’Esplanade sur le parvis de la faculté de droit pour se rendre ensuite devant le Palais universitaire pour « accueillir » la ministre.

A l’intérieur, lors de la cérémonie d’inauguration qui doit débuter à 11h, après une animation qui démarre elle à 10h, une délégation d’enseignants-chercheurs de l’appel de Strasbourg souhaite remettre une pétition de 2.000 signatures à Valérie Pécresse. Pétition qui marque le désaccord contre la masterisation du CAPES et contre le décret réformant les statuts des enseignants chercheurs.

Le Programme de la journée est disponible sur: http://www.unistra.fr/evenements-lancement.pdf/

Dans le même temps, le mouvement de grève continuait à s’étendre. L’UFR d’art a ainsi voté la grève, comme les enseignants de droit, de mathématiques, de lettres, d’informatique, de langues étrangères appliquées et de géographie… ceux d’Histoire ont déjà en grande partie rejoint la contestation.

Deux assemblées générales étudiantes se tiennent ce mercredi ; à 13h, au Patio à l’ancienne université Marc-Bloch, à l’invitation de l’UNEF ; une deuxième assemblée générale se tient mercredi également à 15h, au Palais Universitaire. Ces deux assemblées générales organisées un même jour témoignent des inévitables divisions au sein du mouvement étudiant.

A l’Université et à Strasbourg, beaucoup de monde s’interroge sur la venue du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, jeudi, à la cérémonie d’inauguration de l’Université de Strasbourg. De fait, alors qu’elle est en concurrence avec M. Karoutchi dans les primaires UMP pour les régionales en Île-de-France, une visite ratée à Strasbourg fragiliserait sans doute sa campagne… ( ?)

Dans les services du ministère, à Paris, on indique aujourd’hui en fin d’après-midi que ce voyage aura bien lieu et figurait au programme du ministre, mais la visite ne figure toujours pas dans son agenda en ligne…

Grève à l’université de Strasbourg

Un millier d’étudiants, d’enseignants et de personnel administratif de l’Université de Strasbourg (UDS qui rassemble donc les trois anciennes universités de Strasbourg, ce qui en fait la plus grande université de France… sur le papier et pour l’instant) se sont retrouvés en assemblée générale, hier,  à l’ancienne université Marc-Bloch à Strasbourg, dans le but de protester contre la réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche et de réfléchir à de futures actions.

L’assemblée générale a décidé d’une manifestation jeudi 5 avril, jour de la venue à Strasbourg du ministre de l’enseignement supérieur, Valérie Pécresse, dont l’organisation devrait être mise en place aujourd’hui.

Cette manifestation  mobiliserait enseignants et étudiants et personnel de l’UDS. Elle pourrait prendre son départ en matinée, dès 8h, du parvis de la faculté de droit touchée aujourd’hui par une grève des cours et se diriger vers le Palais universitaire. En assemblée générale, on discutait encore cet après-midi de l’heure de départ de la manifestation.

Les participants à l’assemblée générale ont également évoqué la possibilité d’une occupation de Palais universitaire dès la veille ou le jour de la venue du ministre. Il s’agit là d’un point qui fait bien entendu débat… Mais il n’en reste pas moins que la visite de Mme Pécresse devrait être agitée.

Toujours à Strasbourg, un « freezing », une forme démonstrative de manifestation qui consiste à rester figé pendant plusieurs minutes,  s’est tenu hier à midi place Kléber.

Une bonne centaine de manifestant s’y sont rassemblés, dont le doyen de la faculté d’Histoire.

La ministre, quant à elle, persiste en déclarant que « retirer le décret serait un recul » et qu’il est important de réformer le statut des enseignants chercheurs dont les nominations se font « souvent » dans le flou le plus total. Mais si elle continue à manier la provocation en prenant de haut  « ces chercheurs [qui]n’ont certainement pas lu le décret » (ce serait tout de même un comble…) il n’est pas sûr qu’elle arrive à atténuer les tensions. Mme la ministre va toutefois rencontrer demain soir une nouvelle fois  la Conférence des présidents d’université à 18h30 avant de se rendre à Strasbourg (mais il est intéressant de constater que son agenda  en ligne s’arrête pour l’instant à mercredi…)

Il reste la question de la mobilisation étudiante, mobilisation que les enseignants cherchent à déclencher ces derniers jours. Elle sera sans doute importante pour les étudiants qui se destinent à devenir prof, tant la réforme du CAPES et la masterisation du concours restent floues et ineptes. L’UNEF anonce d’ores et déjà une forte mobilisation.

Enseignants-chercheurs : la grève commence… lundi

Article du Monde:

« Le décret qui réforme le statut des enseignants-chercheurs devait être adressé par le gouvernement au Conseil d’Etat, vendredi 30 janvier. Cet envoi intervient alors que la mobilisation de la communauté universitaire contre ce texte, mais aussi contre les suppressions de postes et la mise en place de nouveaux masters enseignants, pourrait monter d’un cran la semaine prochaine. La coordination nationale des universités a lancé un mot d’ordre de grève générale et reconductible à compter de lundi 2 février.

Sur quoi le décret porte-t-il ?

Ce décret s’inscrit dans une réforme globale de l’université, dont l’un des objectifs est de mieux encadrer les étudiants.

Dans sa première mouture, le texte prévoyait de donner aux présidents d’université la possibilité de « moduler » le « temps de service » des personnels entre enseignement, recherche et tâches administratives.

En outre, il indique que les maîtres de conférence et les professeurs d’université seront évalués régulièrement, tous les quatre ans.

Quels sont les « amendements » apportés par le gouvernement ?

Tout au long de cette semaine, la ministre de l’enseignement supérieur, Valérie Pécresse a eu des rencontres avec les représentants des universitaires, notamment les juristes, particulièrement opposés à la réforme. « Je ferai tout ce qu’il est possible pour lever les interrogations et apaiser les doutes », a-t-elle affirmé, mercredi 28 janvier lors de ses voeux.

Dans le texte adressé au Conseil d’Etat, le gouvernement, afin de chercher à rassurer la communauté universitaire, apporte une précision sur la modulation du service entre enseignement et recherche : un professeur bien évalué ne pourra pas se voir attribuer un service d’enseignement supérieur au service de référence de 128 heures de cours magistraux ou de 192 heures de travaux dirigés annuels. »

Article d’Educ pro .Fr

« 

Grève dans les universités : jusqu’où iront les enseignants-chercheurs ?

Le 2 février 2009, combien d’enseignants-chercheurs seront en grève après la manifestation nationale du 29 janvier 2009 où 20 000 d’entre eux (selon le décompte du Snesup) ont défilé ? Quelles sont les chances que le mouvement demandant le retrait de la réforme du décret de 1984 prenne ? Comment le « geste » de Valérie Pécresse qui a envoyé le 30 janvier au soir une lettre aux enseignants-chercheurs et le texte du décret modifié sera-t-il pris ?

Semaine d’examens pour certaines universités, début théorique du deuxième semestre pour d’autres… L’entrée dans la grève des enseignants-chercheurs avec le slogan « Le 2 février, l’université s’arrête » comme l’a intitulée la coordination nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche – rejointe par les syndicats comme le Snesup et AutonomeSup – dépendra aussi du contexte local. A Paris 10 par exemple, le début de semestre commençant le 9 janvier, la question de débuter la grève une semaine plus tard se pose.

Rétention, motions…

Toujours est-il que depuis longtemps la communauté universitaire n’avait pas connu un tel mouvement, initié par une grève administrative (rétention de notes…) et une palanquée de motions. Selon le Snesup, 15 conseils d’administration d’universités ont voté des motions contre le décret modifié (Le Mans, Toulouse 3, Paris 3, Paris 4, Caen , Le Havre, Nantes, Angers..). Plus de 70 motions de conseils d’administration dénonceraient la réforme de la formation des enseignants. Devant cette opposition très marquée, quelle attitude adopteront les présidents d’université si la grève de leurs enseignants-chercheurs est massive ? La CPU a, elle, diffusé un nouveau texte de soutien à la réforme du décret. Mais certains présidents se montrent solidaires du mouvement.

L’AG de la coordination nationale focalise l’attention

Beaucoup comptent sur l’assemblée générale de la coordination nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche du 2 février à midi à La Sorbonne pour donner le la une fois les troupes de grévistes estimées dans les établissements. Le Snesup a convoqué un bureau national le 3 février 2009 pour savoir quelle suite donner au mouvement. Elargir les mots d’ordre ? « La mobilisation est très forte dans l’enseignement supérieur et la recherche. Il y a une très vive hostilité de la communauté universitaire vis-à-vis de Sarkozy. Et une très grande unité de revendications que ce soit sur les emplois, le statut et mastérisation », indique Jean Fabbri, secrétaire général du Snesup pour qui la lettre de la ministre est une provocation. « Sur le fond, le décret reste en l’état ».

Les étudiants dans la danse ?

Plusieurs inconnues devraient être levées en début de semaine et donneront les clés pour savoir si le mouvement peut se poursuivre. Les juristes, en tête de la mobilisation, de façon tout à fait exceptionnelle, sauront-ils rallier sur leurs revendications toutes les disciplines de l’université ? « Les juristes ont pris le mord aux dents mais on est attentif pour qu’ils ne négocient pas dans leur coin après leur rendez-vous avec Valérie Pécresse. Nous, on ne veut pas de modulation de services comme eux », s’inquiète Michèle Cohen-Halimi, enseignante-chercheuse à Paris 10 et élue du Snesup au CA.

Autre interrogation récurrente dans les assemblées générales : les étudiants vont-ils être solidaires du mouvement des enseignants-chercheurs ? Malgré la rétention des notes pratiquée à grande échelle et alors que les enseignants-chercheurs n’avaient pas massivement soutenus leur mouvement contre le CPE ? « Nous allons proposer aux enseignants-chercheurs une date d’action générale, dans les semaines qui viennent », annonce Jean-Baptiste Prevost, président de l’Unef, qui souhaite amplifier la mobilisation. Des revendications plus larges pourraient donner des arguments supplémentaires aux organisations pour convaincre les étudiants de rentrer dans le mouvement. « Les étudiants ont largement de quoi se mobiliser sur la mastérisation, l’allocation des moyens , la professionnalisation… Il ne faut pas se priver de leur soutien», estimait une militante du syndicat lors de l’AG de l’UFR LLphi à Nanterre le 30 janvier 2009. Le Snesup déclare ne pas appeler explicitement les étudiants à soutenir le mouvement. A suivre. »

Cf: http://www.educpros.fr/

Ce qui est certain, c’est que, pour exemple, même la faculté de Strasbourg et l’UHA, pourtant traditionnellement  conservatrices, sont très  largement entrées dans le mouvement.

Ajoutons à cela que la ministre Valérie Pécresse devrait se trouver à Strasbourg lors du lancement  de l’Université de Strasbourg (Cf les pubs « elle est Unique »…).  Cela risque de donner lieu à quelques mouvements d’humeur.

La grève des enseignants chercheurs se profile… L’Université française bientôt bloquée?

Article du nouvel Obs en ligne:

« La Coordination nationale des universités a annoncé jeudi 22 janvier appeler à une grève « illimitée » dans les universités à partir du 2 février si le gouvernement n’a pas retiré d’ici-là le projet modifiant le statut des enseignants-chercheurs et la réforme de la formation. « Si le ministère ne retire pas, sans préalable, le projet de décret sur le statut des enseignants-chercheurs (et) la réforme de la formation et des concours de recrutement des enseignants du premier et du second degré, l’Université française se mettra en grève totale, reconductible ou illimitée le 2 février », selon la motion adoptée à l’unanimité moins trois voix contre.

« Politique d’affaiblissement structurel »

En « condamnant » la « politique d’affaiblissement structurel » du supérieur et de la recherche et « la précarisation des personnels de toutes catégories », cette Coordination « exige » aussi « le rétablissement des postes supprimés, un plan pluriannuel de création d’emplois statutaires dans les universités et les grands organismes de recherche, et soutient toutes les mobilisations en cours ».
Elle s’est réunie jeudi en assemblée générale à l’université Paris-I. Selon les organisateurs, étaient présents des membres de 46 des 85 universités françaises, des représentants de plusieurs sociétés savantes, d’associations comme Qualité de la science française (QSF), Sauvons la Recherche (SLR) ou Sauvons l’Université (SLU) et des chercheurs précaires.
Des représentants de plusieurs syndicats étaient également présents.

Transfert de gestion aux universités

Le décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs, préparé par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Valérie Pécresse, doit concrétiser le transfert de la gestion de leurs carrières aux universités.
Lors de l’assemblée générale, ses opposants ont dénoncé les risques que leur soient imposées davantage d’heures d’enseignement et les possibilités d’arbitraire de la part des présidents d’universités.
Ils veulent en outre que le Conseil national des universités (CNU) conserve son rôle actuel dans la gestion des carrières, et jugent de façon générale que leur statut risque de perdre son caractère national.

D’autres grève à venir

L’universitaire en veut pour preuve que cette opposition va des syndicats de gauche Snesup-FSU ou Sud-Education, traditionnellement revendicatifs, au syndicat AutonomeSup, classé à droite, ou au collectif Défense de l’université, créé à l’université Paris-II, faculté traditionnellement de droite.
AutonomeSup comme le Snesup ont d’ailleurs aussi appelé à une grève lundi 26 janvier, tandis que les enseignants-chercheurs devraient participer en nombre à la grève organisée jeudi 29 janvier, journée d’actions interprofessionnelle. »

Voici la motion:

« La coordination nationale des universités a réuni le 22 janvier 2009 des délégués provenant de quarante six universités. Elle a voté les motions suivantes :


Motion n°1 :

La coordination nationale réunissant ce jeudi 22 janvier 2009 condamne la mise en place d’une politique d’affaiblissement structurel de l’enseignement et de la recherche, la précarisation des personnels de toutes catégories, notamment au travers de l’individualisation des carrières, de la mise en place du nouveau contrat doctoral et des suppression d’emplois, exige le rétablissement des postes supprimés, un plan pluriannuel de création d’emplois statutaires dans les universités et les grands organismes de recherche, et soutient les mobilisations en cours.

Elle déclare que si le ministère ne retire pas, sans préalable :

1) le projet de décret sur le statut des enseignants-chercheurs

2) la réforme de la formation et des concours de recrutement des enseignants du premier et du second degré

l’université française se mettra en grève totale, reconductible et illimitée : le 2 février 2009 l’université s’arrête.

Unanimité moins 3 voix contre


Motion n°2 :

La coordination nationale a également voté l’appel immédiat à la rétention des notes, la non transmission des maquettes de formation des enseignants du premier et du second cycle et le soutien aux mouvements de grève qui ont déjà commencé ainsi que l’appel au renforcement de la mobilisation dans tous les établissements.

Rappel : Coordination Nationale des Universités (22/01/09) – Première réunion du jeudi 22 janvier à 11h à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. La Coordination Nationale des Universités est réunie à l’initiative de la coordination de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne qui rassemble des non syndiqués et des représentants de l’UNSA, CGT, FSU, FO, UNEF, FSE et SUD.

Les représentants nationaux de la plupart des syndicats sont présents.

UNIVERSITÉS (47)

Université d’Aix I Université de Bordeaux 3 Université de Bourgogne Université de Clermont Ferrand II Université de Caen Université d’Evry Université de Franche-comté Université du Havre Université de Lille 1 Université de Lille 2 Université de Lyon 1 Université de Lyon 2 Université de Lyon 3 Université Paris 1 Université Paris 3 Université Paris 4 Université Paris 5 Université Paris 6 Université Paris 7 Université Paris 8 Université Paris 10 Université Paris 11 Université Paris 12 Université Paris 13 Université de Paris Ouest Nanterre Université du Maine (le Mans) Université de Marne-la-Vallée Paris-Est Université Montpellier 3 Université de Nantes Université d’Orléans Université de Picardie Université de Poitiers Université de Provence Université de Toulouse 1 Université de Toulouse 2 Université de Toulouse 3 Université de Tours Université de Rennes 1 Université de Rennes 2 Université de Reims Université de Rouen Université de Saint-Étienne Université de Strasbourg Université Technologique de Compiègne Université Versailles St Quentin EHESS Ecole Normale Supérieure

ASSOCIATIONS (7)

Collectif pour la Défense de l’Université Qualité de la Science Française (QSF) PAPERA (Pour l’Abolition de la Précarité dans l’Enseignement Supérieur, la Recherche et Ailleurs) Défense de l’université (majoritairement juristes) SAGES (PRAG, professeurs ENSAM et PRCE) Sauvons l’Université (SLU) Sauvons la Recherche (SLR)

SOCIETES SAVANTES (3)

Société Française de Littérature Générale et Comparée (SFLGC) Sociétés Française des Seiziémistes (SFDES) Société Française d’Etude du XVIIIe

Des membres du CNU participent à la Coordination Nationale des Universités »

cf http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article1458

M. Darcos « s’enflamme » contre l’absentéisme à l’école (et autres billevesées)

Lecture raisonnée d’une interview réalisée par le Journal Le Figaro.

LE FIGARO. – L’absentéisme est devenu un problème majeur pour l’école, au point que vous l’avez inscrit au rang de vos priorités. Que comptez-vous faire ?
Xavier DARCOS. – Je veux faire de l’absentéisme une grande cause de l’Éducation nationale. De plus en plus d’élèves sont absents de manière régulière. Or, tout est lié. L’absentéisme mène au décrochage, qui conduit à l’échec scolaire, lequel mine l’insertion professionnelle et sociale des jeunes. Et c’est lorsqu’un jeune n’est plus encadré, qu’il n’a plus de projet, qu’il peut être conduit à tous les échecs. L’absentéisme est un fléau, et les solutions actuelles pour y remédier ne fonctionnent pas. Certains établissements préviennent les pa­rents rapidement via des SMS ou des appels téléphoniques, mais cela ne suffit pas. Que fait-on lorsque les familles ne veulent pas se déplacer ou ne répondent pas aux appels de l’école ? L’école doit alors aller à leur rencontre. Avec Fadela Amara, qui fait un travail admirable auprès de ces jeunes, nous avons décidé de recruter 5 000 «médiateurs de la réussite scolaire», qui feront l’interface entre l’école et les parents.

Qui seront ces médiateurs ?
Ce seront des personnes qui connaissent les quartiers, les fa­milles, mais qui relèveront de l’Éducation nationale. Il s’agit d’emplois aidés dans le cadre du plan de relance. Ont été ciblés 215 quartiers en difficulté dans lesquels le médiateur aura aussi une fonction d’insertion. C’est important, car, géographiquement, les écoles, collèges et lycées de l’éducation prioritaire sont plus touchés que les autres. Ils seront opérationnels dès le mois de mars pour remplir leur mission.

Les collèges/ lycées fonctionnent grosso modo avec les personnels suivants: il y a l’administration (principal/ proviseur et adjoints, CPE, intendante etc…) les professeurs, les agents (femmes de ménage, agents d’entretien etc…) et les « Assistants d’éducation ». Ex « surveillants », ex « pions »…

C’est sur ces derniers qu’il convient de s’arrêter un moment. Car c’est à eux, avec le CPE, que revient, tous les jours, de relever l’absence d’un élève , d’appeler à la maison etc… Or ce plan, si j’ai bien compris, permet de compléter ce travail, en embauchant des personnels, relevant de l’éducation nationale, qui vont aller « chercher » l’absentéiste, motiver les parents etc…

Il y a plusieurs choses gênantes : en premier lieu, depuis quelques années, il y a de moins en moins de personnel affecté à la surveillance des élèves et au contrôle des absences.  Des diminutions drastiques ont eu lieu, et il est cocasse aujourd’hui de constater que l’on revient dessus,  en multipliant les créations de « nouveaux jobs » (Assistants pédagogiques, qui vont remplir la mission que devraient de fait remplir les assistants d’éducation, mais que, faute de personnels, il ne peuvent pas assurer; ces nouveaux « médiateurs » etc… au fait, n’existe-t-il pas des assistants sociaux qui peuvent également répondre à ces stratégies de prise de contact avec les parents? Et des tuteurs? )

Aujourd’hui, dans un collège normal (hors ZEP) de 800 élèves il y a 4 voire 5 Assistants d’éducation et un CPE (ajoutons toutefois à ce chiffre quelques stagiaires ou emplois aidés parfois, et tout nouveau tout chaud les assistants pédagogiques; mais leur fonction n’est pas axée sur le contrôle de l’absentéisme ni sur la surveillance) . Il en faudrait bien plus pour assurer un service optimal. Un « AE » de plus par collège permet justement d’assurer un peu plus ce que le ministre « souhaite »: aller au contact des parents et faire régresser l’absentéisme.

De fait, ce plan ne propose rien de neuf, les structures sont déjà en place, sous d’autres noms.  Par contre, cela fait toujours bien de faire croire que l’on aide tout le monde, en créant un nouveau poste, un nouveau relais dans l’EN. Ces médiateurs semblent bien s’installer en parallèle d’éléments existants déjà, remplissant dans les textes les même fonctions, mais qui sont en réalité trop peu nombreux pour assurer leur mission. Dans les écoles, c’est encore pire!

Vous avez réformé la formation des enseignants en supprimant une année de stage rémunérée. La qualité de leur formation ne risque-t-elle pas d’y perdre ?
Personne ne conteste l’objectif de cette réforme, qui est de recruter des enseignants disposant d’un niveau de qualification plus élevé. Ils auront tous désormais un master (bac + 5), au lieu d’un bac + 3 ou + 4, qui leur permettra d’entrer plus facilement sur le marché du travail s’ils ne sont pas reçus aux concours d’enseignants. Les futurs enseignants seront aussi mieux préparés à leur métier puisqu’ils auront la possibilité d‘accomplir des stages de mise en pratique professionnelle dans les établissements scolaires, avant même de passer le concours. Enfin, cette réforme s’accompagne d’une véritable revalorisation des débuts de carrière. Les enseignants débutants reçoivent déjà, depuis cette rentrée une prime d’entrée dans la carrière de 1 500 euros, mais nous irons plus loin.

C’est d’une cocasserie… Aujourd’hui le système est le suivant: une fois la licence obtenue (BAC + 3) on peut passer le CAPES. Dans les fait, bien souvent, on réalisait son mémoire avant (BAC+ 4). Puis on passait le concours, avec une année de stage (donc… on obtenait son diplome 5 ou 6 ans après le BAC…). Tout cela si tout se passe bien… (pas d’échec etc…). L’année de préparation au concours est la plus ardue des années d’université. Celle où l’on fait le plus de recherches, où on dort le moins. 🙂 ..(surtout après les dernières diminutions de postes…). Donc je pense que l’on peut largement la prendre en compte malgré un échec…  La masterisation a changé un certain nombre de choses,  sauf à retarder la date d’obtention finale du concours, qui est selon mon critère de compte, BAC + 7.  mais les éléments restent les mêmes. Il est faux de croire que les enseignants de demain seront forcément mieux formés, voire mieux préparés. La Réforme ne change rien dans les faits.

Mais là où tout cela vire au burlesque, c’est que la réforme du master, menée il y a trois ans, est salement touchée. En faisant des études d’histoire, qui va,  après la licence,  faire un master de recherche quand on sait que l’immense majorité des étudiants de la matière se proposent de devenir professeur???

Non, une fois la licence en poche, l’étudiant se tournera vers le « master enseignement ». La recherche risque clairement d’en pâtir puisqu’il y aura une nette diminution du nombre de mémoire de recherche. Donc… Moins de profs d’université à employer et moins de connaissances pour nous!

Ensuite, les stages dans un établissement ont toujours existé durant l’année de préparation… Je suis étonné que le ministre ne le sache pas…

L’année de stage m’apparaît comme étant d’une grande importance, et je n’en ai pas compris la suppression. Pendant une année, le professeur-stagiaire était inséré dans deux établissements (collège et lycée),  encadré par un professeur-tuteur et noté par un inspecteur. Il apprend le métier, en voit les difficultés etc… Aujourd’hui, on ne sait pas trop à quoi vont correspondre ces stages mis en place en cours d’année (!!!) pour quelques semaines voire mois (ce qui ne correspond à rien…). Le but étant sûrement de faire des économies sur le court terme, mais à long terme, je me demande si la formation d’enseignant ne va pas en pâtir gravement.


La Réforme des universités: « Chronique d’une crise annoncée dans les universités »

La Conférence des présidents d’université (CPU) a adressé au président de la République une lettre ouverte intitulée « Chronique d’une crise annoncée dans les universités », dans laquelle elle demande à Nicolas Sarkozy d’« apporter des réponses précises et durables » et de « prendre le temps de la réflexion » sur un certain nombre de réformes en cours. Plusieurs difficultés sont en effet mises en avant,  comme l’accord entre la France et le Vatican sur la reconnaissance des diplômes nationaux qui  ravive dans les milieux universitaire le débat sur la laïcité ou la modification des conditions de travail des enseignants (sans grande concertation…). Ajoutons à cela un vrai problème: celui de la réforme du concours de recrutement des professeurs, donc la masterisation des CAPES, dont personne ne connait la mouture. Ben oui, en quoi consisteront les épreuves? Comment se dérouleront les stages (qui maintenant devraient se tenir qu’une partie de l’année: comment insérer des p’tits jeunes profs dans le collège/ lycée en pleine année scolaire??? Comment feront les chefs d’établissement pour gérer cela?) quel recrutement? Quels moyens?

De fait, À la veille des vacances de Noël, les universités de MONTPELLIER 3, RENNES 2, PARIS 3, PARIS 4, PARIS 8, PARIS 10,  TOULOUSE 2 ont officiellement fait savoir qu’elles ne « remonteraient » pas au Ministère les maquettes de nouveaux masters préparant aux concours de recrutement : donc que n ‘ayant pas assez d’informations, elles en ont assez de monter des projets dans le vent et qu’elles arrêtent de préparer la rentrée prochaine…

De plus, lors de certaines réunions préparées par l’iufm pour les futurs membres de jury de cette session de 2009, il semblerait bien que l’institut de formation reprenne du poil de la bête: « on est pas mort » et « il faudra compter avec nous l’année prochaine » entend-on ici ou là… Cela ne laisse rien présager de bon, à part un joyeux bordel que la ministre chargée de l’enseignement supérieur et M. Darcos ne semblent pas en mesure de combattre (pour eux, la masterisation semble être acquise…  c’est  à mon sens, loin d’être fait, vu leurs incohérences qui rendre les maquettes parfois ubuesques…).

Voici le texte:

Lettre ouverte au Président de la république
par Lionel Collet, Président de la Conférence des Présidents d’université
Simone Bonnafous et Jacques Fontanille, Vice-présidents de la Conférence des Présidents d’université
Chronique d’une crise annoncée dans les universités.
Monsieur le Président de la République,
Les universités débutent l’année 2009 dans un très grand état de tension et d’inquiétude, alors
même que vous avez affiché l’Université et la Recherche au rang des priorités nationales. Le budget
global de l’enseignement supérieur et de la recherche a été sensiblement accru, des projets
ambitieux ont été lancés, telle l’opération campus, et dix-huit établissements accèdent, depuis
janvier, aux responsabilités et compétences élargies accordées par la Loi LRU (relative aux Libertés
et Responsabilités des Universités) que Valérie Pécresse a préparée et fait voter dès 2007. La volonté
politique est clairement exprimée, l’élan collectif est manifestement engagé, les défis sont propres à
susciter l’enthousiasme.
Comment expliquer alors le malaise grandissant et les mécontentements accumulés, sinon en
écoutant les interrogations que suscitent ces trois dossiers eux-mêmes ? Interrogations persistantes
et justifiées sur la proportion des moyens nouveaux qui parviennent réellement aux universités pour
améliorer leur fonctionnement quotidien et la qualité de l’accueil des étudiants. Incompréhension et
protestations face aux suppressions d’emplois dans l’enseignement supérieur et la recherche, qui
sont totalement contradictoires avec l’objectif affiché de porter l’enseignement supérieur français au
meilleur niveau international. Interrogations sur la réalité des dotations de l’Etat pour les neuf
campus retenus par l’opération campus et sur le devenir des autres sites, pourtant cruciaux pour la
qualification future de notre jeunesse, et l’attractivité internationale globale de notre système
d’enseignement supérieur et de recherche. Interrogations enfin sur le devenir des statuts des
personnels au sein des universités devenues autonomes, sur l’avenir de la fonction publique d’Etat
dans ces établissements.
Tout cela déjà mérite réponse, examen et concertation, et pourtant trois dossiers particulièrement
sensibles se surajoutent et risquent de mettre le feu aux poudres : la modification du décret de 1984
sur le statut des enseignants-chercheurs, la formation des enseignants et l’accord du 18 décembre
dernier entre la France et le Vatican sur la reconnaissance des diplômes nationaux.
La modification du décret de 1984 était une nécessité car les enseignants-chercheurs demandaient
que soient pris en compte dans les services d’enseignement les enseignements assurés à distance.
Si, en 1984, on ne concevait guère les enseignements que magistraux, dirigés ou pratiques en présence

des étudiants, en 2009, en revanche, nul ne peut discuter la nécessité de l’enseignement à
distance pour les étudiants salariés, les étudiants en situation de handicap ou encore la promotion
des enseignements français hors du territoire national.

Tout le monde s’accorde aussi sur la nécessité
de prendre en compte l’encadrement de stages, les relations internationales ou les relations avec les
entreprises dans les charges statutaires des enseignants, pour ne citer que quelques exemples.
Personne ne conteste non plus que les enseignants-chercheurs ne consacrent pas tous le même
temps à chacune de leurs fonctions, ni pendant toute leur carrière. Ce qui crée le malaise est la
conception même de la modulation des services, telle qu’elle ressort du projet de modification du
décret, et qui revient en fait à alourdir le temps d’enseignement de ceux que le Conseil National des
Universités aura jugé moins performants en recherche. Une analyse primaire et simpliste pourrait
trouver « normal » qu’il en soit ainsi. L’enseignant-chercheur qui « cherche peu enseigne plus ». Mais
cela revient à considérer l’enseignement universitaire comme une activité par défaut – ce que l’on
est obligé de faire quand on n’est pas capable de faire autre chose -, alors que l’enseignement est au
contraire l’activité la plus noble, celle qui couronne les productions de la recherche, celle qui fait le
pari de l’avenir à travers la compétence des jeunes diplômés. En outre, une telle conception de la
modulation des services compromet définitivement l’avenir de ceux qui ne parviennent pas à
dégager du temps pour la recherche, notamment parce que le ratio enseignant/étudiant est
défavorable dans certains secteurs ou certaines universités, ou parce que certaines filières plus
professionnalisantes demandent une plus grande disponibilité pédagogique et organisationnelle:
moins ils auront de temps pour la recherche, moins bien ils seront évalués et moins ils seront
autorisés à faire de la recherche.
Une modulation des services qui transformerait l’augmentation du temps d’enseignement en
sanction pour recherche insuffisante, voire en compensation pour des suppressions de postes
constatées et annoncées, et qui cristalliserait par ailleurs les inégalités entre domaines et entre
filières, créerait des dommages irréparables au sein des communautés universitaires, sans pour
autant augmenter significativement la capacité de recherche du système d’enseignement supérieur
français.
Nous sommes favorables à une vraie modulation de services, c’est-à-dire à une modulation
reconnaissant la diversité, la richesse et la variété de nos fonctions et résultant d’un contrat passé
entre l’université et l’enseignant, via son UFR et son équipe de recherche, avec bien sûr une instance
possible de recours en cas de litige. Nous sommes favorables à une modulation des services
organisée par les acteurs au sein des équipes, autour de projets, pour optimiser les capacités de
recherche et de formation de l’équipe, et pour atteindre des objectifs collectifs à moyen terme. Mais
nous ne pouvons ni admettre ni cautionner une conception restrictive et punitive qui ne propose, de
manière très significative, aucune méthode pour aider ceux qui auraient décroché de la recherche et
leur dégager plus de temps pour s’y remettre. En l’état des projets de réforme du décret de 1984, la
modulation des services telle qu’elle est conçue ne concernerait de fait que les marges de la
communauté universitaire (d’un côté une élite très étroite de chercheurs très actifs, et de l’autre les
très rares collègues qui ne remplissent pas leurs obligations) : mais, justement, et en raison de cela
même, elle inquiète et mécontente déjà la communauté toute entière, qui se demande à juste titre
pourquoi il serait nécessaire de mettre en oeuvre une réforme des statuts en général pour traiter
quelques cas marginaux ! La réforme de la formation des enseignants est un autre sujet très préoccupant

pour l’ensemble des universités.

La Conférence des Présidents d’Université a soutenu l’intégration des IUFM dans les
universités et, à travers elle, l’affirmation que la formation des maîtres était une des vocations
naturelles de l’université. La CPU a également considéré comme positif que soit exigé un master
pour prétendre à une fonction d’enseignant car cela permet à la fois de revaloriser les salaires et
d’envisager des reconversions plus faciles en cours de carrière. Mais la précipitation dans laquelle
s’est engagée cette réforme et l’absence de réponse aux questions que nous posons depuis des mois
sur les stages, sur les conditions d’entrée dans le métier ou sur le financement des études des futurs
maîtres, rendent la situation aujourd’hui intenable : d’un côté les universitaires ont travaillé depuis
l’été au niveau national, comme dans les académies, sur des projets de maquette et de l’autre les
programmes de concours auxquels ces masters sont censés préparer n’ont été connus qu’en
décembre. La formation des enseignants est trop importante pour l’avenir des connaissances et des
compétences de la nation pour que soit refusé le temps d’une réflexion nationale et d’une vraie
coordination entre les deux ministères concernés. Nous insistons tout particulièrement sur la prise
en charge financière des étudiants, et ce pour une raison stratégique. D’aucuns disent que les
économies induites par la suppression de l’année de stage salarié seraient la motivation principale de
cette réforme, expliqueraient à la fois la précipitation et l’incohérence du calendrier, seraient en
somme la « clé » de cette réforme ; la création d’un financement spécifique pour la préparation des
masters enseignement, sur le principe des anciens IPES qui ont joué un rôle décisif de promotion
sociale en leur temps, constituerait le meilleur démenti par rapport à une telle rumeur : la
concertation sur l’essentiel, c’est-à-dire l’avenir de l’enseignement primaire et secondaire, et de la
formation des enseignants qui en assurent la qualité pourrait alors s’engager positivement.
Pour finir, l’accord entre la France et le Vatican sur la reconnaissance des diplômes nationaux ravive
inutilement le débat sur la laïcité. Selon cet accord, les diplômes délivrés par les instituts catholiques
contrôlés par le Vatican seront reconnus en France au même titre que les diplômes délivrés par les
universités publiques. Non seulement cet accord porte sur les diplômes canoniques, ce qui peut se
concevoir mais mériterait discussion, puisque les diplômes canoniques font partie du champ initial
des instituts catholiques, mais aussi sur les formations profanes, ce qui est proprement inacceptable.
Si le processus de Bologne instaure la reconnaissance européenne des diplômes européens, il
n’impose nullement à chacun des Etats-membres de reconnaître automatiquement, comme
équivalents aux diplômes dispensés par ses établissements nationaux, les diplômes des autres
établissements européens. Or si la reconnaissance des diplômes canoniques délivrés par les
institutions catholiques relève bien du processus de Bologne, notamment parce qu’elle n’entre pas
en concurrence avec les diplômes nationaux, celle des diplômes profanes délivrés par les instituts
catholiques s’impose tellement peu que l’Union des établissements d’enseignement supérieur
catholique n’en était semble-t-il pas informée, selon La Croix du 19 décembre dernier ! Quelle
nécessité d’avoir ajouté cette clause provocatrice, qui constitue un précédent inacceptable, et qui ne
peut que soulever les protestations de l’ensemble de la communauté universitaire, soucieuse de
défendre les valeurs laïques et républicaines ? En outre, le biais retenu pour cette démarche, à savoir
un accord international piloté par le Ministère des Affaires Etrangères, est particulièrement incongru,
s’agissant d’établissements avec lesquels les universités françaises entretiennent depuis longtemps,
dans plusieurs régions françaises, des liens de proximité et d’actives collaborations : ce type d’accord
international, en effet, conduit à rappeler que chaque institut catholique français est, de droit, une
implantation universitaire étrangère qui serait, pour tout ce qui concerne le pilotage et l’accréditation des

formations, une émanation directe du Vatican. Est-ce bien l’objectif visé par la
démarche ?
Monsieur le Président de la République, afin de garantir la sérénité dans les universités et de leur
donner les moyens de leur développement au service de la nation, il est souhaitable d’apporter des
réponses précises et durables aux questions de fond, de prendre le temps de la réflexion sur la
réforme du statut des enseignants-chercheurs et sur la formation des enseignants et de modifier
l’accord entre la France et le Vatican afin que les diplômes profanes ne soient pas concernés par cet
accord. Nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, en l’assurance de notre
haute considération.