M. Darcos « s’enflamme » contre l’absentéisme à l’école (et autres billevesées)

Lecture raisonnée d’une interview réalisée par le Journal Le Figaro.

LE FIGARO. – L’absentéisme est devenu un problème majeur pour l’école, au point que vous l’avez inscrit au rang de vos priorités. Que comptez-vous faire ?
Xavier DARCOS. – Je veux faire de l’absentéisme une grande cause de l’Éducation nationale. De plus en plus d’élèves sont absents de manière régulière. Or, tout est lié. L’absentéisme mène au décrochage, qui conduit à l’échec scolaire, lequel mine l’insertion professionnelle et sociale des jeunes. Et c’est lorsqu’un jeune n’est plus encadré, qu’il n’a plus de projet, qu’il peut être conduit à tous les échecs. L’absentéisme est un fléau, et les solutions actuelles pour y remédier ne fonctionnent pas. Certains établissements préviennent les pa­rents rapidement via des SMS ou des appels téléphoniques, mais cela ne suffit pas. Que fait-on lorsque les familles ne veulent pas se déplacer ou ne répondent pas aux appels de l’école ? L’école doit alors aller à leur rencontre. Avec Fadela Amara, qui fait un travail admirable auprès de ces jeunes, nous avons décidé de recruter 5 000 «médiateurs de la réussite scolaire», qui feront l’interface entre l’école et les parents.

Qui seront ces médiateurs ?
Ce seront des personnes qui connaissent les quartiers, les fa­milles, mais qui relèveront de l’Éducation nationale. Il s’agit d’emplois aidés dans le cadre du plan de relance. Ont été ciblés 215 quartiers en difficulté dans lesquels le médiateur aura aussi une fonction d’insertion. C’est important, car, géographiquement, les écoles, collèges et lycées de l’éducation prioritaire sont plus touchés que les autres. Ils seront opérationnels dès le mois de mars pour remplir leur mission.

Les collèges/ lycées fonctionnent grosso modo avec les personnels suivants: il y a l’administration (principal/ proviseur et adjoints, CPE, intendante etc…) les professeurs, les agents (femmes de ménage, agents d’entretien etc…) et les « Assistants d’éducation ». Ex « surveillants », ex « pions »…

C’est sur ces derniers qu’il convient de s’arrêter un moment. Car c’est à eux, avec le CPE, que revient, tous les jours, de relever l’absence d’un élève , d’appeler à la maison etc… Or ce plan, si j’ai bien compris, permet de compléter ce travail, en embauchant des personnels, relevant de l’éducation nationale, qui vont aller « chercher » l’absentéiste, motiver les parents etc…

Il y a plusieurs choses gênantes : en premier lieu, depuis quelques années, il y a de moins en moins de personnel affecté à la surveillance des élèves et au contrôle des absences.  Des diminutions drastiques ont eu lieu, et il est cocasse aujourd’hui de constater que l’on revient dessus,  en multipliant les créations de « nouveaux jobs » (Assistants pédagogiques, qui vont remplir la mission que devraient de fait remplir les assistants d’éducation, mais que, faute de personnels, il ne peuvent pas assurer; ces nouveaux « médiateurs » etc… au fait, n’existe-t-il pas des assistants sociaux qui peuvent également répondre à ces stratégies de prise de contact avec les parents? Et des tuteurs? )

Aujourd’hui, dans un collège normal (hors ZEP) de 800 élèves il y a 4 voire 5 Assistants d’éducation et un CPE (ajoutons toutefois à ce chiffre quelques stagiaires ou emplois aidés parfois, et tout nouveau tout chaud les assistants pédagogiques; mais leur fonction n’est pas axée sur le contrôle de l’absentéisme ni sur la surveillance) . Il en faudrait bien plus pour assurer un service optimal. Un « AE » de plus par collège permet justement d’assurer un peu plus ce que le ministre « souhaite »: aller au contact des parents et faire régresser l’absentéisme.

De fait, ce plan ne propose rien de neuf, les structures sont déjà en place, sous d’autres noms.  Par contre, cela fait toujours bien de faire croire que l’on aide tout le monde, en créant un nouveau poste, un nouveau relais dans l’EN. Ces médiateurs semblent bien s’installer en parallèle d’éléments existants déjà, remplissant dans les textes les même fonctions, mais qui sont en réalité trop peu nombreux pour assurer leur mission. Dans les écoles, c’est encore pire!

Vous avez réformé la formation des enseignants en supprimant une année de stage rémunérée. La qualité de leur formation ne risque-t-elle pas d’y perdre ?
Personne ne conteste l’objectif de cette réforme, qui est de recruter des enseignants disposant d’un niveau de qualification plus élevé. Ils auront tous désormais un master (bac + 5), au lieu d’un bac + 3 ou + 4, qui leur permettra d’entrer plus facilement sur le marché du travail s’ils ne sont pas reçus aux concours d’enseignants. Les futurs enseignants seront aussi mieux préparés à leur métier puisqu’ils auront la possibilité d‘accomplir des stages de mise en pratique professionnelle dans les établissements scolaires, avant même de passer le concours. Enfin, cette réforme s’accompagne d’une véritable revalorisation des débuts de carrière. Les enseignants débutants reçoivent déjà, depuis cette rentrée une prime d’entrée dans la carrière de 1 500 euros, mais nous irons plus loin.

C’est d’une cocasserie… Aujourd’hui le système est le suivant: une fois la licence obtenue (BAC + 3) on peut passer le CAPES. Dans les fait, bien souvent, on réalisait son mémoire avant (BAC+ 4). Puis on passait le concours, avec une année de stage (donc… on obtenait son diplome 5 ou 6 ans après le BAC…). Tout cela si tout se passe bien… (pas d’échec etc…). L’année de préparation au concours est la plus ardue des années d’université. Celle où l’on fait le plus de recherches, où on dort le moins. 🙂 ..(surtout après les dernières diminutions de postes…). Donc je pense que l’on peut largement la prendre en compte malgré un échec…  La masterisation a changé un certain nombre de choses,  sauf à retarder la date d’obtention finale du concours, qui est selon mon critère de compte, BAC + 7.  mais les éléments restent les mêmes. Il est faux de croire que les enseignants de demain seront forcément mieux formés, voire mieux préparés. La Réforme ne change rien dans les faits.

Mais là où tout cela vire au burlesque, c’est que la réforme du master, menée il y a trois ans, est salement touchée. En faisant des études d’histoire, qui va,  après la licence,  faire un master de recherche quand on sait que l’immense majorité des étudiants de la matière se proposent de devenir professeur???

Non, une fois la licence en poche, l’étudiant se tournera vers le « master enseignement ». La recherche risque clairement d’en pâtir puisqu’il y aura une nette diminution du nombre de mémoire de recherche. Donc… Moins de profs d’université à employer et moins de connaissances pour nous!

Ensuite, les stages dans un établissement ont toujours existé durant l’année de préparation… Je suis étonné que le ministre ne le sache pas…

L’année de stage m’apparaît comme étant d’une grande importance, et je n’en ai pas compris la suppression. Pendant une année, le professeur-stagiaire était inséré dans deux établissements (collège et lycée),  encadré par un professeur-tuteur et noté par un inspecteur. Il apprend le métier, en voit les difficultés etc… Aujourd’hui, on ne sait pas trop à quoi vont correspondre ces stages mis en place en cours d’année (!!!) pour quelques semaines voire mois (ce qui ne correspond à rien…). Le but étant sûrement de faire des économies sur le court terme, mais à long terme, je me demande si la formation d’enseignant ne va pas en pâtir gravement.